Connaissance des milieux
La connaissance des milieux (frayères, zones de croissance…) est essentielle pour la gestion et la restauration des espèces migratrices
Cartographie des habitats saumon
La connaissance des surfaces potentielles de développement de juvéniles de saumons atlantiques est un des éléments clé pour la gestion et la restauration de cette espèce.
En effet, en dehors des obstacles à la migration des géniteurs de saumons, la reproduction et le potentiel de production sont déterminés par la capacité d’accueil du cours d’eau. L’estimation de la surface potentiellement disponible pour les juvéniles de saumons est définie par des cartographies d’habitats qui ont pour objectif de quantifier les différents types d’habitats disponibles sur le bassin versant.
Le recensement de terrain de tous les habitats d’une rivière permet de connaître l’importance qualitative et quantitative des zones propices au développement de jeunes saumons (radiers et rapides) et de calculer ainsi son potentiel de production en juvéniles. Ces valeurs, couplées avec les données d’indices d’abondance issues du réseau d’inventaire de la population de juvéniles de saumons par pêches électriques réalisé sur le bassin, permettent d’estimer la production globale en juvéniles sur les rivières échantillonnées.
Dans un souci de gestion, une évaluation des surfaces potentielles de développement de juvéniles de Saumon a été réalisée entre les années 1990 et 2005 sur les principales rivières à saumons du bassin. Depuis, un certain nombre d’affluents accueillants ou susceptibles d’accueillir cette espèce ont été cartographiés ou sont en voie de l’être.
La méthode mise en œuvre consiste à décrire les potentialités de production en juvéniles de saumons par une caractérisation et une mesure des différents habitats.
Les relevés de terrain sont réalisés durant la période de basses eaux. L’étiage est en effet la période où les conditions d’habitats sont les plus limitantes pour les juvéniles de saumons (faibles débits et hauteurs d’eau).
Les prospections de terrain sont réalisées par binôme, à pied en longeant le cours d’eau. Lors de la phase de terrain, les grands types de faciès d’écoulement sont identifiés et cartographiés.
Une fois chaque faciès parcouru, un point cartographique est placé en limite de celui-ci sur un logiciel de SIG de terrain.
Plusieurs paramètres sont relevés durant les prospections. Il s’agit notamment de :
• Identifiant du point
• Date et heure de création du point
• Type de faciès
• Longueur et largeur moyenne
• Profondeur moyenne
• Granulométrie (dominante et accessoire)
• Taux de recouvrement de la végétation aquatique
• Ombrage
Les données collectées sont saisies directement au format informatique sur une tablette tactile de terrain.
Les points remarquables (obstacles, routes, confluences…) sont également géoréférencés afin de mieux géolocaliser les habitats et de faciliter par la suite le travail de numérisation des données dans le logiciel SIG.
L’ensemble des paramètres collecté est ensuite analysé afin de calculer la surface représentée par chaque type de faciès.
Pour aller plus loin
Cartographie des frayères potentielles pour la grande alose
Historiquement, la grande Alose colonisait principalement les parties aval et moyenne de l’Adour (départements des Landes et du Gers) ainsi que l’aval du Gave d’Oloron, du Gave de Pau et de la Nive. Toutefois, à ce jour, la répartition de l’espèce entre les différents sous-bassins n’est pas connue. La grande Alose est essentiellement exploitée par la pêche professionnelle et amateur aux engins au moyen respectivement de filets et de carrelets. Une pêche à la ligne s’exerce principalement sur l’aval du Gave d’Oloron et du Saison.
Les données de capture récoltées auprès des marins pêcheurs de l’estuaire de l’Adour montrent une importante diminution de la population à partir des années 1980.
Face à ce constat, dans la perspective d’accroître les connaissances et de permettre une meilleure gestion de la ressource, Migradour a entrepris le géo-référencement des frayères potentielles de grande Alose sur les principaux axes du bassin Adour.
La période de reproduction de la grande Alose s’étale d’avril à juillet, avec une position dans le temps fonction de la latitude. La reproduction a lieu sur des sites typiques caractérisés par une plage de substrat grossier (graviers fins et galets/pierres grossiers) délimitée en amont par un plat courant moyennement profond voire une mouille (zone profonde) et en aval par une zone d’accélération de courant peu profonde. Les vitesses de courant favorables oscillent autour de 1 m/s.
Des zones atypiques ou forcées existent en aval de seuils ou barrages, limitant le taux de réussite de la reproduction.
Une cartographie des frayères potentielles est réalisée en se basant sur la photo-interprétation des faciès d’écoulement. Quatre rivières du bassin ont été étudiées : l’Adour, le Gave de Pau, le Gave d’Oloron et le Saison (ou Gave de Mauléon).
Le travail a été effectué sous le logiciel SIG libre « Quantum GIS », sur la base du référentiel « Google Earth ». Sur chaque axe les faciès caractéristiques d’une frayère de grande Alose ont été recherchés (plage de substrat grossier délimité en amont par un profond et en aval par une zone peu profonde à courant rapide) à partir d’une interprétation visuelle à l’écran des images aériennes.
A ce stade, est considéré comme site de fraie potentiel, toute zone délimitée en amont par une mouille ou un plat courant et en aval par un radier ou une zone d’accélération. Ces surfaces sont numérisées sous forme de polygones.
Une enquête non exhaustive, réalisée auprès de quelques pêcheurs à la ligne, a permis en complément de la photo-interprétation de référencer quelques zones de « tenue » d’aloses (zones de frayères supposées dans la littérature) et quelques frayères connues sur le Gave d’Oloron et le Saison.
De plus, ce travail a intégré les résultats de l’étude menée par Migradour en 1998 sur les frayères à aloses de l’Adour qui référençait les principales frayères connues à l’époque.
Des prospections en bateau (canoë pneumatique) ont été effectuées afin de valider les sites répertoriés par analyse des photos aériennes et d’ajouter des sites favorables éventuels. Afin de pouvoir localiser les sites référencés dans la première phase, les coordonnées des centres des polygones sont exportées dans un GPS. Lors des descentes, à chaque passage sur un site référencé, plusieurs critères sont contrôlés afin de valider ou non le site. Les critères pris en compte sont les suivants :
– Faciès amont de type profond ou plat courant
– Faciès aval de type radier ou zone d’accélération
– Profondeur comprise entre 0,5 m et 3 m
– Granulométrie variable type galets/cailloux
Lors des descentes en bateau, si des sites non répertoriés dans l’étude des photos aériennes sont repérés, ils sont géo-référencés par GPS et les critères précédents sont relevés.
La synthèse des données permet de référencer sous forme cartographique les sites retenus comme potentiellement favorables parmi les sites présélectionnés ainsi que quelques sites réellement fréquentés par la grande Alose.