Anguille européenne

Famille : Anguillidés
Nom scientifique : Anguilla anguilla
Autre nom : Civelle, Pibale (alevin d’anguille)
Taille : de 30 à 45 cm pour les mâles, de 45 à plus de 100 cm pour les femelles (au moment de leur départ en mer)
Poids : jusqu’à 4 kg

Caractéristiques

L’Anguille est un poisson serpentiforme (du latin anguis, serpent) avec des nageoires pectorales petites et des nageoires caudale, anale et dorsale soudées. La peau est recouverte d’un abondant mucus. Après une première métamorphose depuis le stade larvaire, les jeunes anguilles (civelles) sont transparentes à leur arrivée en estuaire. Elles se pigmentent petit à petit avant de prendre une coloration assez variable (brunâtre à verdâtre sur le dos et plus ou moins jaune sur les flancs et le ventre) qui donnera son nom au stade de développement suivant : l’Anguille jaune. A l’issue d’une longue vie en eau douce et d’une seconde métamorphose, elles prendront enfin une livrée sombre sur le dos et brillante sur le flanc et le ventre qui donnera son nom au dernier stade de développement continental : l’Anguille argentée.

Comportement

On la rencontre dans des milieux très variés, aussi bien dans des secteurs « aval » (y compris en eau saumâtre et en zone marine côtière) que dans une large gamme d’habitats accessibles en amont (fleuves, rivières, ruisseaux, lacs, marais, etc.). Durant sa longue phase de croissance, l’Anguille présente un comportement « sédentaire » sur un territoire où elle s’établit. Elle se nourrit alors, entre autres, de larves d’insectes, petits crustacés, mollusques, annélides et petits poissons. La recherche de nourriture s’effectue principalement au printemps et en été et en conditions de faible luminosité, l’Anguille présentant un fort comportement lucifuge, avec des pics d’activité la nuit, lors des nouvelles lunes ou par eau très turbide. La durée de la phase de croissance est très variable en fonction du milieu de développement et des individus : de 3 à 9 ans en moyenne pour les mâles et de 5 à 18 ans pour les femelles.

Situation de l’espèce

L’Anguille a connu un fort déclin à la fin du XXème siècle qui la classe aujourd’hui en danger critique d’extinction et sur la liste rouge des espèces menacées. On observe notamment une diminution estimée de plus de 90 % du recrutement en civelles par rapport aux années 60-70.
Il existe une trentaine d’espèces d’anguilles dans le Monde. Toutes ont en commun d’être des espèces très anciennes qui ont survécu, entre autres, à plusieurs bouleversements climatiques majeurs. Il est alors effarant de constater que les activités humaines ont mis en danger, en l’espace de quelques dizaines d’années, la quasi-totalité de ces populations. Les perturbations sont multiples : disparition d’habitats favorables comme les zones humides, obstacles à la migration de montaison qui empêchent ou limitent la colonisation de certaines zones, mortalités en dévalaison dans les turbines, pollutions d’origine agricole, domestique ou industrielle, exploitation à tous les stades de développement, introduction de parasites, réchauffement climatique, etc.

Dans le bassin de l’Adour, l’espèce est encore présente sur la majorité des rivières mais elle est absente des parties amont des principaux cours d’eaux.

Une seule aire de ponte océanique, une aire de distribution très vaste, une population unique et commune à de nombreux pays, un cycle biologique long et complexe sont autant d’éléments à prendre en compte dans la mise en place de mesures de gestions de l’espèce.

L’association Migradour effectue un suivi particulier sur le Site Index de Soustons ainsi que par le suivi des populations sur les différents cours (parties aval) du bassin.

Reproduction

L’Anguille est le seul grand migrateur amphihalin qui se reproduit en mer (catadrome). Au terme de sa vie en eau douce, elle subit une seconde métamorphose qui la prépare à sa future migration marine : modifications de la peau, des cellules réceptrices de la ligne latérale, du système digestif, des réserves lipidiques, des muscles, des nageoires pectorales, des yeux, de la vessie gazeuse, des gonades… C’est principalement en automne et en hiver que les anguilles argentées profitent de fenêtres environnementales favorables pour dévaler en masse vers l’océan.
Elles y entreprendront ensuite leur longue et mystérieuse migration vers la Mer des Sargasses, dans les Caraïbes, où elles retrouveront d’autres géniteurs venus de toute l’Europe et mourront probablement épuisées après avoir frayé.
Après éclosion, les larves leptocéphales (plancton), portées par le Gulf Stream, dérivent vers l’Europe. A l’approche des côtes, elles se métamorphosent en Civelles avant de coloniser le bassin à la recherche d’un territoire où s’établir.

Le saviez-vous ?

L’Anguille reste une énigme pour le monde scientifique. Les étapes maritimes de sa vie (migrations et reproduction) sont particulièrement méconnues et constituent l’un des derniers mystères de la biologie moderne. D’autre part, si sa reproduction artificielle a pu être menée à bien, les investissements colossaux consacrés à ce poisson très convoité n’ont jamais permis de percer les secrets de l’élevage des larves à long terme.