Suivi des populations

Des stations permettant de contrôler les retours de poissons adultes aux suivis particuliers : le suivi des populations permet d’approfondir les connaissances sur l’aspect quantitatif des peuplements et sur leur dynamique.

Stations de contrôle

Le contrôle des retours de géniteurs en montaison vers leurs zones de reproduction (espèces anadromes) s’effectue sur des stations implantées sur les principales rivières du bassin. Ce réseau constitue un indicateur des populations de poissons migrateurs dont l’objectif est de participer au suivi de l’avancement des programmes « migrateurs » mis en place par le COGEPOMI Adour et Cours d’eau côtiers.

 

 

Cet indicateur permet notamment pour les grands salmonidés :
– le suivi de l’évolution des stocks,
– la caractérisation partielle de la population (taille des individus, âges de mer, âges de rivière et sex-ratio sur les stations avec piégeage…)
– l’évaluation de la dépose d’œufs,
– l’évaluation des mesures de restauration (continuité écologique, soutien des stocks par alevinage de juvéniles…)

Pour les autres espèces migratrices, ce réseau de stations de contrôle constitue un indicateur d’évolution de l’abondance des populations dans le bassin.

Les stations de contrôle Adour / Nivelle sont implantées sur des ouvrages (passes-à-poissons) appartenant à divers propriétaires partenaires.

Il s’agit ici de mettre à profit l’étape de migration de montaison, nécessaire au cycle de vie des migrateurs, pour créer un « check point » en un endroit précis et y comptabiliser la population. L’information recherchée concerne l’évolution temporelle de la population (stations « aval » ou de Capture-Marquage-Recapture) et sa répartition spatiale dans le bassin (stations « amont »).
Le contrôle est effectué soit par piégeage manuel (stations de la Nive, de la Nivelle et de Soeix sur le gave d’Aspe) soit par vidéo-comptage (stations Castetarbe et Artix sur le gave de Pau, Masseys sur le gave d’Oloron, Charritte sur le Saison, St Cricq et Castet sur le gave d’Ossau). La tendance de gestion actuelle tend à privilégier les suivis par vidéo-comptage sur les axes le permettant (présence d’ouvrages infranchissables autrement que par les dispositifs de contrôle ; possibilité technique d’installation).

 

Sur les stations faisant l’objet d’un piégeage manuel avec marquage, les grands salmonidés sont marqués individuellement (code unique) au moyen de transpondeurs (pit-tag). Sur toutes les stations avec piégeage manuel, les grands salmonidés sont mesurés, des écailles sont prélevées (pour lecture de l’âge de rivière et de mer), l’aspect global des individus est décrit (blessures, présence de poux de mer…) et le sexe est déterminé. Pour les stations Nivelle (index river Saumon atlantique), la prise de mesures biométriques complémentaires (distance narine-museau, longueur mâchoire…) ou d’autres protocoles spécifiques peuvent être effectués dans le cadre du partenariat avec l’INRA.
Les individus sont dénombrés pour les autres espèces de poissons migrateurs amphihalins.
Lors de chaque passage, les dispositifs sont nettoyés afin d’assurer l’efficacité des dispositifs de franchissement sur lesquels sont installés les stations de contrôle. Les données environnementales sont aussi relevées (température de l’eau par enregistreur thermique automatique, météo, niveau des eaux, turbidité…).

Sur les stations faisant l’objet d’un vidéo-comptage (hors station de Saint Cricq, équipée d’une caméra située au-dessus de l’ascenseur qui enregistre à chaque remontée de ce dernier, et Castet : caméras placées dans des panneaux leds), les passes à poissons sont équipées dans un de leur bassin d’une vitre et d’une chambre de rétro-éclairage située en vis-à-vis. Le comptage est basé sur un enregistrement numérique des passages de poissons. La technique consiste à filmer en continu les poissons franchissant la passe, à travers une vitre située sous le niveau de l’eau. Un logiciel d’acquisition détecte tout mouvement dans l’image et déclenche l’enregistrement et la sauvegarde des séquences vidéo numériques significatives sur un support informatique. Ce logiciel est différent selon les stations : Ibaï Begi développé par la société Hizkia dans le cas des stations de Castetarbe, Charritte et Castet ou SYSIPAP développé par SCEA Dartiguelongue dans le cas des stations de Masseys et Artix. Le matériel est constitué d’une caméra et d’une station informatique d’enregistrement composée d’une unité centrale, d’un écran et d’un dispositif externe de transfert des fichiers.

Le contrôle du fonctionnement des passes, des dispositifs d’enregistrement (récupération des données) et l’entretien des sites (nettoyage de vitres) doit nécessairement être réalisé régulièrement.

Réseau spécifique anguille

Face au déclin des populations d’Anguille européenne, la France, en réponse à un règlement du Conseil des Ministres de l’Union Européenne, a établi en 2010 un plan de gestion destiné à réduire les mortalités subies par l’espèce. Le Plan National Anguille prévoit notamment le développement d’un programme de Monitoring ayant pour vocation d’évaluer l’efficacité des autres mesures du plan et l’atteinte des objectifs fixés par l’Union Européenne. Celui-ci repose sur un modèle d’estimation des stocks alimenté, entre autres, par la mise en place de suivis de Sites Index et de Réseaux Spécifiques Anguille.

Le Réseau Spécifique Anguille « Adour et Cours d’eau côtiers », dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par Migradour depuis 2010, se compose de 56 stations d’échantillonnage par pêche à l’électricité réparties sur plusieurs cours d’eau du bassin. La stratégie d’échantillonnage et les protocoles de prospection et d’acquisition de données sont définis conjointement avec l’AFB, coordinateur national du programme.
Ces inventaires, qui viennent en complément de ceux réalisés sur les 1 500 stations du réseau de contrôle et de surveillance au titre de la DCE, permettent d’évaluer les stocks et la répartition des anguilles jaunes sur le territoire et de détecter les pathologies. Ces données permettent notamment d’alimenter le modèle EDA (Eel Density Analysis) présenté dans le plan de gestion Anguille.

Afin d’échantillonner en priorité des sites dont le peuplement bénéficie du recrutement annuel et d’une réelle continuité écologique, les stations doivent être distantes de moins de 200 km de l’océan et situées en aval du premier obstacle à la migration des jeunes stades. Par ailleurs, compte-tenu des objectifs fixés dans le cadre de la restauration de la continuité écologique et des moyens de suivi à mettre en place, un certain nombre de stations situées en amont d’obstacles à équiper en priorité (ZAP) devraient permettre d’évaluer, pour partie, l’évolution des peuplements (hors problématique du front de colonisation).
Chaque station doit présenter l’ensemble des habitats susceptibles d’accueillir l’espèce aux différents stades de développement (civelle, anguillette, sub-adulte), en fonction de sa position sur le linéaire accessible. Compte tenu des périodes de migration active, la période de contrôle est comprise entre juin et septembre.
La méthodologie d’échantillonnage par pêche électrique est définie, conformément aux normes européennes issues de la DCE et encadrant cette pratique, suivant le type de milieu à prospecter et principalement en fonction de la largeur (nombre d’électrodes), de la hauteur de la lame d’eau (à pieds, en bateau, mixte) et de l’hétérogénéité des habitats (prospection complète, partielle par points).
Seuls les différents stades de l’anguille sont ciblés par les opérations d’échantillonnage. Il est cependant utile de noter la présence des autres espèces (indicateur de présence simple).
Toutes les anguilles capturées sont mesurées à l’aide d’un ichtyomètre (précision au millimètre) et pesées à l’aide d’une balance étanche (précision au gramme). Les individus de plus de 250 mm de longueur font l’objet d’un protocole complet de relevés biométriques destiné à évaluer leur état d’argenture : diamètre oculaire vertical et horizontal, et longueur de la nageoire pectorale mesurés au pied à coulisses électronique étanche. L’identification visuelle (ou la suspicion) d’une anguille au stade « intermédiaire » est notée ainsi que toute autre remarque. Un examen externe des pathologies est également pratiqué sur ces poissons. Seul un échantillon est concerné par ce protocole : 25 individus de plus de 250 mm par opération pour l’examen pathologique et 50 individus de plus de 250 mm pour les mesures « d’argenture ».

L’analyse et la valorisation des données relèvent de l’Agence Française pour la Biodiversité, en charge de la coordination technique au niveau national du programme de monitoring du Plan National Anguille. Les 11 stations d’échantillonnage situées dans le bassin du Courant de Soustons et prospectées annuellement font l’objet d’une valorisation supplémentaire dans le cadre du Site Index Anguille de Soustons porté par Migradour.

Contrôle de la production annuelle de juvéniles saumon

L’opération a été initiée en 1987 par le CSP. Migradour en assure la coordination depuis 1995 en partenariat avec l’AFB, les Fédérations de pêche des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées et les AAPPMA concernées. Ce suivi intervient sur une vingtaine de rivières du bassin Adour.

Elle est destinée à approfondir les connaissances sur l’aspect quantitatif des peuplements et sur leur dynamique.

Les objectifs poursuivis dans le cadre du contrôle du recrutement naturel annuel sont :

• de caractériser les structures de populations (âge, taille),
• d’évaluer le succès de la reproduction naturelle de l’année (densités de juvéniles définies par pêche électrique),
• plus largement, de suivre l’impact du programme de restauration en cours.

 

Il s’agit donc de définir un indicateur d’abondance du recrutement de l’année (densité de tacons 0+ sur les radiers en période d’étiage).

La recherche s’effectuait jusqu’en 2012 sur un réseau de surveillance composé d’une soixantaine de stations, réparties sur les nives, le sous-bassin du gave d’Oloron et celui du gave de Pau. Depuis, le maillage de stations a été réorganisé et densifié (environ 90 stations actuellement) afin de répondre à plusieurs objectifs :

• Connaitre la colonisation et le succès reproducteur sur de nouveaux axes du réseau secondaire (exemple : Aphoura, Esterenguibel, Neez…) ainsi que sur les parties plus amont des axes déjà échantillonnés (exemple : Verts, haut Saison, Nive d’Arnéguy) afin d’évaluer l’effet des mesures d’amélioration de la libre circulation sur le bassin.
• Améliorer la répartition des stations sur les axes déjà suivis afin de répondre aux besoins de gestion en rapport avec l’évolution des autres indicateurs de suivi pour l’espèce (exemple : Gave d’Aspe, Gave d’Oloron, Saison).
• Remettre en adéquation le réseau avec le programme de restauration du Gave de Pau : continuité écologique, suivi de l’effort d’alevinage et suivi de la reproduction naturelle.

Les secteurs sont pêchés à l’électricité, à l’aide d’un groupe de type « Héron ». La méthode utilisée découle du protocole de pêche « 5 min » établi par l’INRA de Rennes.
Les poissons capturés sont anesthésiés à l’aide d’une solution d’Eugénol dilué à 10 % (solution à base de clou de girofle). Une fois endormis, les tacons sont comptabilisés, mesurés et remis à l’eau. La présence de marques (ablation de la nageoire adipeuse) est recherchée sur les axes faisant l’objet de déversements en juvéniles de saumon (bassin du Gave de Pau).
Les habitats prospectés sont ceux propices au grossissement des tacons, principalement les radiers et les fins de plat. Seuls les salmonidés (saumons et truites fario) font l’objet d’un décompte et d’une biométrie. Au minimum, la présence des autres espèces sera relevée.