Stations de contrôle : bilan intermédiaire 2025

6 Août, 2025Actualités

Au cœur de l’été, les débits des fleuves et rivières diminuent, les eaux se réchauffent et l’activité migratoire se réduit fortement pour la quasi-totalité des migrateurs amphihalins (sauf l’Anguille). Les Aloses et Lamproie en terminent avec leurs périodes de migration et de reproduction pour laisser place à une nouvelle génération alors que les grands salmonidés attendent les conditions plus favorables de l’automne pour poursuivre leur progression vers leurs zones de frayères en amont. L’occasion pour nous de dresser un premier bilan intermédiaire des migrations 2025 qui s’avère très proche de ceux des années précédentes…

Comme redouté, le bilan des effectifs de géniteurs de Saumon atlantique s’annonce à nouveau « catastrophique ». Malgré l’interdiction de tout prélèvement par pêche en 2025, il pourrait même être encore pire que les bilans précédents. On dénombre ainsi seulement :

  • 211 Saumons au 27 Juillet à Masseys sur le Gave d’Oloron soit 4,8 fois moins que la moyenne à cette date (1 007) et 2,2 fois moins que le minimum historique à cette date établi l’année précédente (460) !
  • 24 Saumons au 27 Juillet à Charritte sur le Saison soit 9,9 fois moins que la moyenne à cette date (238) et 2,8 fois moins que le minimum historique à cette date (68 en 2021) !
  • 114 Saumons au 13 Juillet à Castetarbe sur le Gave de Pau soit 5,4 fois moins que la moyenne à cette date (617) et 2,0 fois moins que le minimum historique à cette date (232 en 2023) !

Cette situation avait malheureusement pu être prédite par la superposition de 2 éléments de contexte particulièrement négatifs :

  • Un très faible recrutement de départ :

Les grands Saumons PHM (ayant séjournés Plusieurs Hivers en Mer) de retour en 2025 sont majoritairement issus de la reproduction de l’hiver 2021-2022 qui a été fortement impactée dans tout le bassin de l’Adour par 2 importants épisodes de crues en Décembre 2021 et Janvier 2022. La production de juvéniles constatée à l’automne 2022 était ainsi la 2ème plus faible observée depuis plus de 30 ans.

  • Un effondrement des survies en mer

Alors que les recrutements en juvéniles des automnes 2020 et 2021 dans le bassin pouvaient être qualifiés de « moyens », les retours de géniteurs engendrés ensuite se sont finalement avérés très faibles. Ce phénomène, généralisé à l’ensemble des cours d’eau à Saumons de l’Atlantique Nord, s’explique par une chute brutale des survies en mer ces 3 dernières années (depuis la cohorte de castillons 2022 plus précisément) dont l’origine exacte est inconnue (Canicules marines impactant la survie des Saumons ou de leurs proies ? Pêcheries sur des zones de grossissement ou de migration ?).

La très mauvaise nouvelle de ce bilan intermédiaire 2025 provient des très faibles effectifs de castillons (petits Saumons ayant séjourné 1 seul Hiver en Mer) observés jusqu’à présent. Issus d’un recrutement qualifié de « moyen inférieur » à l’automne 2023, ils sont pour l’instant (leur migration est plus tardive que celle des PHM) à nouveau quasiment absents des cours d’eau du bassin : 15 individus (sur 211) à Masseys sur le Gave d’Oloron, 6 (sur 24) à Charritte sur le Saison et 19 (sur 114) à Castetarbe sur le Gave de Pau. Si elle se confirmait dans les prochains mois, cette nouvelle quasi-disparition traduirait la poursuite de l’effondrement des survies en mer. Ce serait alors particulièrement inquiétant pour la cohorte de PHM de retour en 2026 et, plus largement, pour l’évolution des populations de Saumons à court terme, dans le bassin de l’Adour comme dans l’ensemble de son aire de répartition…

 

Comme les années précédentes, ce bilan négatif s’applique aussi aux géniteurs de Truite de mer. Leurs effectifs sont à nouveau très faibles, même s’ils restent pour l’instant sur certains axes, très légèrement supérieurs aux minimas historiques observés l’année précédente :

  • 635 Truites de mer au 27 Juillet à Masseys sur le Gave d’Oloron soit 3,2 fois moins que la moyenne à cette date (2 041) mais 55 individus de plus que le minimum historique à cette date établi l’année précédente (580).
  • 124 Truites de mer au 27 Juillet à Charritte sur le Saison soit 2,3 fois moins que la moyenne à cette date (285) et 25 individus de moins que le minimum historique à cette date établi l’année précédente (149) !
  • 56 Truites de mer au 13 Juillet à Castetarbe sur le Gave de Pau soit 2,7 fois moins que la moyenne à cette date (151) mais 15 individus de plus que le minimum historique à cette date établi l’année précédente (41).

Ces très mauvais résultats (provisoires pour 2025) semblent nous indiquer que l’effondrement des survies en mer qui affecte les populations de Saumons de tout l’Atlantique Nord touche aussi les Truites de mer du bassin des Gaves (Canicules marines dans le Golfe de Gascogne ?) et se poursuit cette année encore.

 

Pour la Lamproie marine avec des résultats quasiment définitifs, le bilan est aussi très négatif avec des abondances à nouveau très faibles sur la totalité des cours d’eau étudiés :

  • 486 Lamproies marines à Masseys sur le Gave d’Oloron, très loin des records établis en 2012 (11 220 individus soit -95,7 %) et de la moyenne des années précédentes (2 938 individus soit – 82,4 %) mais malgré tout légèrement supérieur au minimum historique (326 en 2021)
  • 72 Lamproies marines à Charritte sur le Saison soit 3,3 fois moins que la moyenne (239) mais 71 individus de plus que le minimum historique établi l’année précédente (1 individu seulement).
  • 55 Lamproies marines à Castetarbe sur le Gave de Pau soit 3,0 fois moins que la moyenne (163) mais 53 individus de plus que le minimum historique établi l’année précédente (2 individus seulement).

A noter tout de même qu’une Lamproie marine a été recensée pour la toute première fois au niveau de la station de contrôle de Loubière sur le Gave d’Ossau (et 5 à Sainte-Marie sur le Gave d’Aspe).

 

Comme les 2 années précédentes, la seule bonne nouvelle du bilan des migrations concerne la grande Alose dont les effectifs enregistrés aux stations de contrôle explosent, sur certains axes, certains des précédents records :

  • 1 405 Aloses au 27 Juillet à Masseys sur le Gave d’Oloron soit 3,7 fois plus que la moyenne à cette date (382) mais 634 individus de moins que le maximum historique à cette date (2 039 en 2023).
  • 1 097 Aloses au 27 Juillet à Charritte sur le Saison soit 22,4 fois plus que la moyenne à cette date (49) et 5,9 fois plus que le maximum historique à cette date (186 en 2023) !
  • 3 579 Aloses au 13 Juillet à Castetarbe sur le Gave de Pau soit 2,5 fois plus que la moyenne à cette date (1 433) et 1,3 fois plus que le maximum historique à cette date (2 806 en 2019) !
  • Par ailleurs, 22 Aloses ont été comptabilisées à Loubière sur le Gave d’Ossau et, pour la toute première fois, 1 à Sainte-Marie sur le Gave d’Aspe

Cette espèce semble profiter pleinement ces dernières années des restrictions puis de l’interdiction de ses prélèvements par pêche. On peut supposer que les forts effectifs observés au niveau des stations de contrôle sont renforcés par les individus « épargnés » par les mesures concernant sa pêche. La population de géniteurs n’aurait donc pas encore réellement augmenté, ce sera le cas lorsque les descendants issus de ces dernières reproductions viendront à leur tour remonter les rivières pour s’y reproduire.

Téléchargez les données par station avec comparatif détaillé date à date (année moyenne/année minimum/année maximum)

 

Share This